La Société Rochelaise du Droit a eu la chance de recevoir et de pouvoir poser quelques questions à Christine Guionnet, ancienne cadre supérieure des douanes, qui souhaite faire partager à nos lecteurs son expérience professionnelle et celle de présidente de jury de concours de catégorie A.
Le parcours professionnel
Après une Licence d’allemand à l’Université de Poitiers, où elle a pu notamment réaliser une année en Allemagne dans la ville jumelée, Marburg, puis une Licence de droit (sur les recommandations du centre d’information et d’orientation), Christine Guionnet est entrée au sein de l’administration des douanes en 1983.
Pour pouvoir réussir les concours administratifs sélectifs,comme celui de l’administration des douanes, elle conseille aux étudiants de réaliser des préparations publiques aux concours administratifs,notamment celles proposées par l’Université, qui préparent particulièrement aux épreuves écrites spécifiques et aux oraux. Également, il ne faut pas hésiter à passer d’autres concours afin de s’exercer en amont, à gérer le stress et apprendre à se familiariser à des épreuves qui diffèrent des examens universitaires.
Notre invitée met le curseur sur des points essentiels, trop souvent négligés par les étudiants. C’est le cas de la valorisation de nos expériences personnelles ( engagements sportifs, associatifs, culturels… ) ou professionnelles (jobs étudiants, emplois saisonniers) qui sont des atouts à faire valoir devant les membres du jury et qui permettent à ceux-ci de nous découvrir sous des aspects importants dans un cadre professionnel : travail en équipe, avec une hiérarchie, respect des horaires, ouverture aux autres, gestion des conflits.
Christine Guionnet entre dans l’administration des douanes en 1983 à l’école de Neuilly-sur-Seine désormais transférée à Tourcoing: L’Ecole Nationale des Douanes de Tourcoing(END T) « assure la formation initiale des inspecteurs des douanes, fonctionnaires de catégorie A et des cadres supérieurs des douanes ».
La seconde école en France est celle de La Rochelle, L’Ecole Nationale des Douanes de La Rochelle (END LR) qui s’occupe de la formation des agents des catégories B (contrôleurs) et C (agents de constatation) de la surveillance (agents en uniforme) et des opérations commerciales (travaillant principalement dans ces centres de dédouanement et en direction). L’END LR forme aussi les spécialistes (marins, motards, maîtres de chien) et les moniteurs ( tir et techniques de contrôle des personnes).
Elle nous précise que c’est seulement depuis 1982 que la surveillance douanière est ouverte aux femmes. Auparavant, au sein des unités de surveillance, seule la fonction de « visiteuse » (chargée de la fouille des femmes contrôlées) leur était accessible. Pour les plus curieux, il est possible de consulter gratuitement le mémoire rédigé, entre autres, par Christine Guionnet, et intitulé « L’insertion progressive des femmes en douane» disponible sur le site de « Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes »(https://histoire-de-la-douane.org/linsertion-progressive-des-femmes-en-douane/)
Après l’année à l’école des douanes de Neuilly, ainsi qu’une spécialisation à l’école de la Rochelle, afin d’exercer les fonctions de chef de la surveillance douanière, Christine Guionnet rejoint en 1984 Montbéliard à la frontière suisse, jusqu’en 1996.
Puis elle exerce les mêmes fonctionsà Nantes pendant 17 ans, responsable des unités de surveillance terrestre en Loire-Atlantique. À l’époque, nous dit-elle, « la disponibilité opérationnelle devait être totale». Elle évoque « un boulot éprouvant», « constamment sous tension mais très enrichissant et passionnant ». Ensuite elle a intégré le service d’enquête régional chargé de réaliser des enquêtes dans les entreprises et de surveiller la correcte affectation des fonds européens agricoles (FEOGA, à l’époque). Il s’agissait d’une mission essentielle car à cette période, la France bénéficiait d’environ 42 % du budget que l’Union Européenne affectait à la politique agricole commune (PAC).
Après la grande parenthèse nantaise, Christine Guionnet devient, par une promotion interne, chef divisionnaire des douanes de Cerdagne, dans la zone frontalière avec Andorre. Lors de cette nouvelle affectation elle voit se confirmer l’adage : douanes, s’écrit bien avec un « s ». Ensuite elle rejoint par une mutation l’Inspection des services, à la direction générale des douanes, effectuant, en binôme, des audits et inspections. Elle terminera sa carrière en Bretagne, comme responsable du centre de dédouanement de Rennes, pendant la période agitée pre-Brexit et prendra sa retraite juste avant la pandémie de la Covid-19.
L’expérience du jury des concours d’inspecteur des douanes
Il existe 3 concours en France pour intégrer l’administration des douanes :
Le concours de catégorie C dédié aux agents de constatation ouvert aux diplômés du Brevet, le concours de catégorie B ouvert aux diplômés du baccalauréat et enfin le concours de catégorie A à accessible aux diplômés d’une Licence.
Pour sa part, Christine Guionnet fut présidente de concours et préparait en tant que chef de service les agents dans le cadre des concours internes. Aujourd’hui, elle se dit attentive et disponible selon ses disponibilités, pour transmettre quelques conseils à nos étudiants rochelais admissibles au concours de catégorie A de l’administration des douanes.
Parmi les nombreuses fonctions qu’il est possible d’occuper en douane, elle pense que celle d’officier des douanes judiciaires (https://www.economie.gouv.fr/recrutement/officier-douane-judiciaire) peut constituer un attrait pour les juristes. C’est à envisager peu après le début de carrière, à une période où la mobilité et la disponibilité sont souvent plus faciles. L’ODJ est un agent habilité « à effectuer, sur l’ensemble du territoire, des enquêtes judiciaires (secteur douanier, économique ou financier) pour constater des infractions, rechercher les auteurs et réunir des preuves permettant de les déférer à l’autorité judiciaire. » Ce poste, au sein du Service d’Enquêtes Judiciaire des Finances (SEJF) combine une formation d’inspecteur des douanes et d’officier de police judiciaire et permet de participer à des enquêtes financières internationales. Cependant, encore une fois, la disponibilité doit être envisagée comme un des facteurs essentiels.
Par Maxime Roux et Paul Dandler, Service Civique de l’association